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la quête du Tropheus duboisi Maswa

Article

Sujet : Découverte du Tropheus duboisi Maswa           Auteur : Kirit Vaitha                

Date de mise sur le site  : 01 12 2018               Source : Tanganyika Magazin n°23

Traduction : Gérard Delfour et Jérôme Bernard

Résumé :

En 1983, Kirit Vaitha et son équipe font un voyage sur le lac Tanganyika pour chercher le fameux duboisi et découvre le Tropheus duboisi Maswa

Commentaires : 

Enfant du lac, Kirit Vaitha gère une société de peche sur les nords du lac. Dans un récit original et vivant, il raconte sa découverte du Maswa, un Tropheus très recherché par les amateurs pour sa large bande jaune et blanche. Un document rare. Une premiere pour lui…

La traduction et la diffusion de cet article ont été autorisées par l’auteur et la société d’édition.

Texte et photos: Kirit Vaitha (Whiteboard Enterprises  Limited Formerly Aqua Products Limited), sauf mention contraire. La carte  détaillée provient de « Destination Tanganyika »

La quête de T. duboisi Maswa

         Tout d’abord, nous voudrions remercier le Dr Marta Mierzenska de Tropheus Tanganyika et son mari, Robert, pour nous avoir demandé un article pour leur magazine. Ceci est un« record » car personne en Europe ou aux  États-Unis ou n’importe où ne nous a jamais demandé des informations ou des articles  ces 38 dernières années alors que notre contribution sur la connaissance des cichlides du lac a été importante… Et les auteurs qui ont écrit sur des poissons que nous avions découverts  des années auparavant  ne nous ont jamais contactés. Dans le passé,  nous avons aussi essayé de  proposer des articles à certains magazines américains, mais ils ne se sont pas montrés très motivés pour des raisons connues d’eux seuls. Voici donc ce premier article rédigé directement par le plus ancien collecteur et exportateur africain local de cichlides africains (Aqua ProdLimited

UNE GRANDE PREMIERE. Chapeau à vous, Marta et Robert.

Pour ce premier article, nous avons choisi de vous raconter notre quête de Tropheus duboisi  Maswa réalisée en 1983, une superbe aventure.

Il nous a fallu deux jours pour préparer notre safari en bateau,  car nous ne savions pas combien de temps nous allions rester sur le lac… Donc, nous avons pris beaucoup de carburant, nourriture, médicaments, etc. À 7 heures du matin, nous étions tous prêts à partir. Nous avons une équipe de 6 plongeurs, un pilote pour le bateau, un responsable du mouillage, mon regretté frère Jayant, mon regretté beau- frère Asgar, notre client allemand avec son ami et moi-même. Le lac est calme le  matin,donc nous préférons  toujours commencer tôt

Photo de droite : Jayant Vaitha avec Kazumbe. Prets pour le travail, avec le compresseur. 1983

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.      A partir de midi jusqu’au  soir, ça devient souvent dur  et très agité avec de grosses vagues et un vent fort, ce qui peut parfois rendre très difficile la navigation. Pour les besoins de cet article, nous appellerons ce client allemand  John et son ami, Bill. Nous ne pouvons pas les mentionner par leurs vrais noms.

En 1983, c’était la seconde visite de John et, il nous a dit qu’il avait trouvé des informations sur un très joli Tropheus duboisi trouvé autour de la rivière Malagarasi : où autour de Malagarasi? Nous avions déjà vérifié tout le sud de Kigoma jusqu’au delta du fleuve où nous n’avions pas vu ce «duboisi» et donc nous savions que si cette information était vraie, il devait être au sud de cette rivière. Ce renseignement nous a incités à organiser ce voyage en bateau afin de savoir si ce que disait John était correct. 

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Le point de départ était  notre propre base  (Aqua Products Limited building) sur le lac, située dans la baie de Bangwe. C’était à cet endroit que nous venions nager quand nous étions enfants, n’imaginant pas que nous en serions un jour propriétaires. Nous avons acquis ces deux acres de terrain, y compris notre propre plage d’environ 300 mètres en 1980 et progressivement bien développé l’ensemble.

Le bateau que nous avons utilisé pour cette expédition était notre barge en aluminium, qui était autrefois utilisée comme un bateau de sauvetage sur le  célèbre navire- M.V. Liemba. Nous avions nommé ce bateau -Ngirangira, qui signifie «lentement lentement»..

 Sur le toit, nous avions attaché notre petit bateau pneumatique en caoutchouc qui nous aide à nous déplacer plus rapidement aux alentours tandis que le «Ngirangira» au mouillage nous sert de base.

Pour les  longues sorties en bateau, nous  préférions voyager loin des rives, naviguant de  point en point. Ici, nos points de navigation étaient Kitwe et Kabogo.  Kitwe est un peu au sud de Kigoma et Kabogo se trouve à Maswa Fort, à environ soixante kilomètres de distance. De cette façon, en passant autour du delta de Malagarasi, nous serions  environ cinq à six kilomètres  au large. Même à cette distance du delta, on peut trouver des débris comme des troncs d’arbres, de l’herbe, et des morceaux de bois flottant sur le lac  charriés par la  gigantesque rivière Malagarasi qui est le deuxième plus long « fleuve » de Tanzanie et une des principales entrées du lac. En utilisant un bateau pneumatique en caoutchouc, nous avons fait plusieurs voyages sur cet immense delta  en remontant en amont sur la rivière

Le delta est très effrayant, mystérieux et plein de crocodiles. Un pour, Je vais préparer un article spécial sur ce sujet . Vers midi, nous avons passé le delta et  décidé de nous diriger vers Karago, le premier grand village après le delta et immédiatement au sud de Malagarasi, pour commencer notre recherche. Un gros grappin a été mis à l’eau  pour tenir le bateau près de la plage et une autre ancre mouillée dans le sable de la plage. Cette dernière aide à ajuster la position du bateau.  Vous pouvez reprendre le mouillage pour amener le bateau près de la plage ou le relâcher pour laisser le bateau loin dans l’eau, en particulier quand il y a de grosses vagues.

Nous avons commencé à nous déplacer avec notre bateau pneumatique. Nous avons fait 3 équipes de 2 plongeurs chacune. L’eau du lac était limpide comme toujours et nous avons eu une bonne visibilité sous-marine. L’équipe de plongée était au travail et le reste d’entre nous nagions avec masques et tubas;  John était assis  à la plage avec son ami Bill car il ne savait pas nager et n’avait donc pas très envie de faire de la plongée avec tuba. 

 Autour de 15 heures, nous avons  décidé de rejoindre les plongeurs afin de voir ce qu’ils avaient rencontré. «Duboisi» était introuvable, mais nous avions de beaux Tropheus “Malagarasi”,  que nous avons appelé Tropheus« Green Moorii » à cette époque et cela est resté de nombreuses années après. En plongée en apnée, mon frère Jayant, a vu le poisson- jaune  Altolamprologus  compressiceps et nous en  avons recueilli quelques-uns pour montrer à  John. Notre mère nous a parlé très souvent d’un  vieil adage  Indien qui disait: «Si vous vendez des fruits, ne montrez jamais à votre client l’arbre fruitier, ne lui montrez que les fruits ”! On ne savait pas  combien ce dicton était vrai, mais,  quelques années plus tard,  nous avons réalisé que prendre un client de cette façon  avec nous sur le lac et  partager des informations était une grosse erreur. Nous l’avons beaucoup regretté  plus tard.

Nous avons fait nos bagages et sommes partis plus au sud en passant la rivière Kirando. Ici, l’eau était très trouble et donc toute recherche était inutile. Dans la soirée nous avons atteint le  village de kirando et installé notre camp sur la plage. Nous avons dressé les tentes sur la plage  à seulement 10 mètres de l’eau et nous avons dîné assis sur le sable de la plage. Il faisait déjà sombre et nous avons dû utiliser des torches pour nous déplacer. John alla se laver les mains avec sa torche dont  la lumière a attiré de petits serpents d’eau inoffensifs qui se sont presque mis dans ses mains! Il a eu  tellement peur qu’il n’a pas pu  dormir de  la nuit, pensant que les serpents pouvaient ramper dans sa tente! Cette même nuit nous avons aussi vu une très grosse grenouille, probablement une grenouille taureau, de la taille d’un petit chiot!

Le lendemain matin, après le petit-déjeuner, nous avons commencé notre recherche, toujours  avec notre équipe. Kirando et Kabogo ne sont pas très loin l’un de l’autre et nous avons donc décidé de garder notre base à Kirando et de nous déplacer avec le plus petit bateau vers Kabogo  ou le fort de Maswa (son ancien nom). A un moment, mon frère Jayant m’a appelé d’où il faisait de la plongée avec tuba et m’a demandé de le rejoindre. Il m’a dit qu’il avait vu le “duboisi” à la  bande jaunâtre sous l’endroit où nous nagions.

Et donc il m’a demandé de plonger avec lui pour vérifier. Un, deux et trois, nous avons plongé et nous étions sous l’eau à environ six mètres de profondeur. Et oui, ils  étaient  , les “duboisi” avec une grosse bande jaune! Une demi-minute plus tard, nous avons fait surface et appelé notre équipe de plongée la plus proche de  nous pour plonger et en prendre quelques-uns. Cinq minutes plus tard, un plongeur est remonté, soufflant l’eau de son tuba, et est venu à nous. Dans son filet était le splendide Tropheus duboisi, avec sa  grosse bande jaune! Nous avons appelé toute l’équipe pour en recueillir plus. Ensuite, nous sommes allés montrer le « duboisi » à John. Sa réaction a été telle que nous ne pourrons  jamais l’oublier. Il a sauté et a crié avec excitation à son ami en allemand. Il nous a demandé d’en recueillir autant que possible. Avec ces « duboisi« , nous avons aussi  pris des A.compressiceps noir qui étaient différents de ceux de Kigoma et des Callochromis macrops qui avaient une  couleur rougeâtre et étaient eux aussi différents de ceux que nous avions  trouvés à Kigoma. 

Nous avons aussi trouvé un autre Tropheus intéressant et qui  était similaire à Tropheus Malagarasi, mais celui-ci avait une queue de « lire » semblable à Tropheus polli. C’est pourquoi nous l’avons appelé Tropheus Green Wimple.  Les « vieux » qui travaillaient dans le business des cichlidés au début des années 80 vont sans doute se rappeler ce nom.

Nous avons ramené environ 100 duboisi et, le lendemain, nous sommes revenus à Kigoma. Nous avons nommé ces magnifiques et incroyables Tropheus duboisi des duboisi Maswa et nous sommes heureux qu’ils s’appellent toujours comme cela et que des soi-disant «scientifiques» n’aient pas encore  changé ce nom!

Notre expédition a été un succès  et fructueuse. Outre la « duboisi Maswa » nous avons également trouvé d’autres beaux poissons mentionnés ci-dessus.

Nous voudrions mentionner ici que durant cette période, nous avons également trouvé Petrochromis Kazumbe dont le nom local est   «Mawesa» (huile de palme). Nous avions vu ce poisson  quelques semaines auparavant et avons pensé à le montrer à John. Il l’a beaucoup aimé  et nous a également demandé d’en pécher. Kazumbe (le frère aîné de George Kazumbe) était notre meilleur plongeur et il était celui qui avait le premier trouvé le poisson, donc nous avons  décidé de le nommer “Petrochromis Kazumbe ”. Et nous sommes à nouveau heureux que ces scientifiques n’en aient pas encore changé le nom!

Nous pouvons dire avec fierté que nous n’avons jamais accepté d’envoyer à quiconque plus de cent Tropheus duboisi Maswa au cours d’un  mois et seulement avec  un ratio d’un male pour une femelle, cela  à cause de notre préoccupation pour la préservation des espèces. Nos efforts ont échoué lorsque d’autres collecteurs, les exportateurs et les braconniers sont venus, principalement d’Europe, et en ont recueilli par centaines et milliers avec beaucoup plus de femelles  pour atteindre leurs objectifs. Ils venaient braconner  depuis la Zambie, parfois avec  des  collectionneurs de poissons bien connus, y compris des auteurs, des États-Unis et de l’Europe. Ces mêmes personnes ont crié, plusieurs années plus tard, à propos de la conservation lorsque le stock de «duboisi Maswa»  a commencé à diminuer.

Nous espérons que vous aimerez cet article qui contient des informations de première main…et des faits. Ce sont les moments malheureux où il nous était difficile de photographier, surtout parce que le  développement n’était pas disponible dans notre pays. Nous avons pris des photos en utilisant notre propre appareil photo et demandé  à nos clients en Europe de nous aider pour traiter les films, mais nous n’avons jamais reçu de bonnes photos.

Enfin, nous aimerions ajouter ici que, plus tard, nous avons trouvé beaucoup de poissons plus intéressants autour de ces zones de Kabogo et Kirando. Certains d’entre eux sont Cyphotilpia frontosa, Cyathopharynx foai  Bleu, C. foai  Vert, Ophtalmotilapia ventralis, etc. Nous en reparlerons peut être.

Encore une fois, veuillez noter que nous avons volontairement caché l’identité de notre client allemand et nous avons utilisé le nom de couverture de John. Mais nous sommes sûrs que s’il lit cet article, il se souviendra  de tout ce qui est relaté.