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Rift Cichlid Africa

Tropheus duboisi (projet)

Présentation générale et maintenance (particularités)

       Cet article rassemble une présentation générale de l’espèce Tropheus duboisi autour des thème suivants : découverte, identification, description de référence, premières exportations, distribution et variétés géographiques, vie en milieu naturel, maintenance et reproduction (particularités de l’espèce), menaces et protection, notre avis, références de documentation générale.

Cette documentation de base est complétée par des sous catégories par variété géographique (voir la premiere, Bemba,https://www.rift-cichlids.com/community/tropheus- duboisi-bemba/  ); elle reprend plusieurs passages de l’excellent article de Denis Jeandel

Photo : T duboisi Maswa en aquarium (G Delfour)

Tropheus duboisi, une espèce ancienne et particulière

 Tropheus duboisi est sans doute le plus primitif des Tropheus ; on dit même que l’espèce serait en recul dans le lac sous l’effet d’une concurrence alimentaire d’autre espèces.  Plus récemment,  la surpêche de certaines variétés pour satisfaire la demande des amateurs aquariophiles a conduit à classer ce poisson en “vulnérable ».

Par rapport aux autres espèces du genre, Tropheus duboisi occupe une place particulière car il présente plusieurs particularités. Certains spécialistes ont même émis l’idée qu’il pourrait un jour être sorti  du genre Tropheus.

Découverte et identification

T duboisi a été « découvert » pour la première fois en 1957 lors d’une pèche à Bemba. Le premier spécimen aurait été peché par  J Dubois, un membre de l’équipe de Marlier . Le site de reference Albertine donne la liste des différents lots prelevés; voir ici :Albertine

Description

Tropheus duboisi a été décrit par Marlier en 1959 à partir d’un spécimen pêché à   Bemba

Voir description ici : https://www.destin-tanganyika.com/tropheus-duboisi-description/

Cette description fait apparaitre certaines particularités :

« Le corps est trapu, caractérisé par une coloration généralisée bleu-noir. La tête est bleu ardoise, le corps est traversé par une bande pectorale de largeur variable de 3 à 6 écailles variant du blanc au jaune vif en fonction des variétés géographiques » (D Jeandel)

« la bouche est en position moins infère que les autres Tropheus, lorsqu’il broute, son corps forme un angle avec le substrat contrairement aux autres espèces du genre dont le corps est en position plus horizontale. (Jeandel)

Comparativement aux autres Tropheus (moorii), la bouche est moins infère, ce qui rendrait Tropheus duboisi  l’espèce la moins spécialisée du genre ( « la répartition clairsemée de Tropheus duboisi, sa présence en zone profonde moins hospitalière, indique qu’il s’agit d’une espèce relique supplantée par les espèces du groupe moorii » P.Tawil).(Jeandel)

« La taille est d’environ 13 à 15 cm, il n’existe pas de différenciations entre le mâle et la femelle. Le mâle présente toutefois les nageoires un peu plus effilées que les femelles »

«  Les jeunes sont très caractéristiques de l’espèce, la robe est noire, parsemée de points blancs vifs. La disparition de cette coloration est très variable selon les individus, les dominants perdent la coloration juvénile vers 5 cm environ.
La coloration définitive est atteinte progressivement. Nous aurons donc dans une même portée des individus avec un échelonnement de la robe allant du juvénile à l’adulte. Certains jeunes présentant à la fois, la barre pectorale de l’adulte et les points blancs du juvénile.(Jeandel)

Premières exportations

Tropheus Duboisi fut importé pour la première fois en Europe en ( ???) 1958 en Allemagne mais les connaissances de l’époque ne permirent pas de les maintenir en vie ;  les importations ne deviendront régulières que vers 1970.(Jeandel)

Distribution

On ne trouve Tropheus duboisi que dans la partie nord du lac Tanganyika, dans plusieurs zones géographiques assez éloignées entre elles et qui ont donné lieu à  autant de variétés géographiques :

Trois formes sont trouvées en Tanzanie et une en République Démocratique du Congo:

– Aire de Bemba

– Aire de Kigoma

– Air de Karilani

-Aire de Maswa / Halembe

Voir présentation détaillées dans les sous catégories

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Vie en milieu naturel

Comme les autres Tropheus, Tropheus duboisi est un cichlide endémique du lac Tanganyika ; son habitat est le littoral rocheux du lac

Nourriture moins abondante puisque profondeur et concurrence

Plusieurs observations en milieu naturel soulignent plusieurs particularités de T duboisi par rapport aux autres variétés de l’espèce:

  • Les adultes vivent à une plus grande profondeur 3 à 12 m ???, donc plus profond que, par exemple T moorii; la nourriture est moins abondante à cette profondeur et, de plus, T duboisi entre souvent en concurrence avec d’autres genres fréquentant la même zone.
  •  T duboisi est térritorial mais il ne semble pas avoir un territoire bien défini, il erre plutôt sur une grande surface (African diving)
  • T duboisi se trouve surtout en couple ou en solitaire ; il arrive parfois que de jeunes individus se mettent en couple (African diving) et on pense qu’il s’agit là d’un couple » stable », formé pour la vie
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Tropheus duboisi partage un même lieux géographique avec d’autres especes du genre, mais il est le seul à vivre à une plus grande profondeur (pour les adultes) :
A Bemba en compagnie de Tropheus sp black “Bemba”
A Karilani en compagnie de Tropheus Brichardi “Karilani”
A Kigoma en compagnie de Tropheus brichardi “Kigoma”
A Maswa en compagnie de Tropheus brichardi “Karago”, Tropheus brichardi “Kabogo” et Tropheus brichardi “Halembe”.

 

Il n’y a donc pas de concurrence alimentaire entre Tropheus duboisi et les autres Tropheus avec lesquelles il vit en sympatrie.
Ad Konings explique par contre que c’est peut-être à cause d’une concurrence alimentaire avec d’autres herbivores que Tropheus duboisi n’est présent que dans des localités bien précises et peu nombreuses

( « la répartition clairsemée de Tropheus duboisi, sa présence en zone profonde moins hospitalière, indique qu’il s’agit d’une espèce relique supplantée par les espèces du groupe moorii » P.Tawil).

Le cas du Stardust

Il est difficile de parler de “forme naturelle” pour le Stardust bien que cette forme provienne de l’accoupement de deux Tropheus sauvages. En effet, FOB, grand  exportateur de Tropheus (et dont l’activité a été arrêtée) a constaté que, dans ses bassins d’elevage installés pres du lac, certains Tropheus, issus de sujets sauvages, avaient tendance à conserver plus longtemps la livrée des jeunes marquée de points blancs qui font le charme de l’espèce. Les sujets ont été isolés et leur reproduction a été proposée en exportation. Le succès a été mitigée, tempéré entre un véritable attrait fondé sur l’espoir d’avoir des adultes ayant la même robe que les jeunes et une grande interrogation des amateurs..Finalement, la robe de cette variété s’est révélée instable d’où un retrait progressif des stock list.

Maintenance et reproduction (particularités)

Sous l’angle purement aquariophile, T duboisi présente plusieurs caractéristiques propres qui méritent d’être signalées bien que certains points  soient souvent discutés par les amateurs.

  • Une robe spécifique des jeunes :

  • si T duboisi fait l’objet d’une forte demande, c’est d’abord en raison de la robe des jeunes, marquée dès la naissance, par un ensemble de points blancs sur fond noir, une exception dans le genre Tropheus ; c’est aussi par la disparition progressive de cette robe pour laisser la place au patron définitif, avec cette bande pectorale qui attire nombre d’amateurs.  En aquarium, le patron d’adulte ne commence à apparaître   généralement que vers l’âge de 6 mois mais on constate de nombreuses exceptions selon la population du bac et sa décoration ; en effet,   cette évolution peut etre beaucoup plus lente chez certains sujets dominés, par exemple des jeunes males en présence d’adultes.
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  • Un comportement moins difficile

  •  : Tropheus duboisi est un Tropheus, mais son comportement est un peu différent des autres espèces du genre : en aquarium, Tropheus duboisi est un peu moins territorial (donc a un comportement souvent plus « doux ») et, surtout, beaucoup moins grégaire ; on retrouve ici les habitudes de vie en milieu naturel : un poisson que l’on rencontre souvent seul ou en couple et qui se déplace sur une certaine distance. Ces spécificités permettent de maintenir Tropheus duboisi dans des bacs plus petits et en couple ou en très petits groupes, voir en trio. . Il est cependant tres difficile d’en faire une règle générale, tant le comportement des Tropheus est instable par nature.
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  • Une robe plus stable des adultes : 

  • comme certaines autres espèces de Tropheus (sp. black, etc), les adultes Tropheus duboisi présentent un robe dont les couleurs sont plus stables, par exemple sous l’effet d’un stress (alors que la robe des Tropheus moorri est très souvent sombre ou perturbée pour les sujets stressés ou dominés). Cela ne veut pas dire que le patron ne change pas lors des parades, le mâle montrant alors une tête avec un très beau bleu lumineux  et une barre d’un jaune et blanc affirmé. Par contre, cette particularités  rend difficile la détection des sujets qui ne sont pas « confortables » uniquement  par examen de la robe (il faut alors évaluer les mouvements)
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  • Une plus grande fécondité ?

  • il existe peu de commentaires rapportés sur la fécondité de Tropheus duboisi qui ne semble donc pas différente des autres espèces. Toutefois, dans le cadre de notre programme de conservation, nous avons constaté qu’une femelle, d’un certain age, et maintenue dans un environnement très « sécurisant » pouvait avoir beaucoup plus d’ œufs fécondés  et lâcher, à la fin de l’incubation, un nombre sensiblement plus élevé de jeunes, et cela de façon répétées (45 jeunes en 3 pontes successives). Ce constat n’a qu’une valeur expérimentale ; n’ayant  être renouvelé,  il n’est pas possible de dire si cette reproduction nombreuse provient de la maintenance ou de l’espèce.
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Indépendamment de la couleur, il n’est pas évident de conseiller aux débutant une espèce  particulière pour commencer la maintenance des Tropheus. Toutefois, les spécificités de Tropheus duboisi en font un bon candidat puisque, avec formation et attention, il est possible de maintenir un petit groupe, ou un couple, dans un bac d’un volume plus restreint que pour les autres espèces du genre et d’apprécier le formidable spectacle de la croissance des jeunes.

 

Menaces et protection

Comme déjà dit, la population de Tropheus duboisi en milieu naturel affronte au moins 3 grandes menaces en partie spécifiques  :

  • l’espece semble en décroissance naturelle, peut etre sous l’effet d’une concurrence alimentaire d’autres genres: T duboisi serait ainsi une espèce “relique”, une sorte de fin de vie naturelle..

  • – certains variantes géographiques, en particulier T duboisi Maswa ont été largement sur pêchées; on ne connait pas exactement l’état de ces colonies mais plusieurs pécheurs signalent une très forte réduction du cheptel naturel. On se demande même s’il reste beaucoup de T duboisi à Maswa…
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  • l’espèce duboisi doit aussi affronter des conditions de vies perturbées dans plusieurs zones géographiques du nord du lac : forte augmentation des populations  et densité accrue dans les grandes villes, développement de l’industrie, d’où une pollution des eaux de plus en plus grande et une augmentation de la pèche vivrière.

L’une des plus ancienne pêcherie, FOB, avait pris en compte cette menace en installant des bassins d’élevage sur les bords du lac (voir…) afin de diminuer les prélèvements de sujets sauvages mais cette société a arrêté son activité en XXX.

Depuis 2006, l’espece T duboisi est classée “vulnérable” sur la liste rouge de l’IUCN, une sorte d’avertissement pour les acteurs de la filière (pécheurs, exportateurs, importateurs et amateurs) mais cela ne permet pas d’endiguer l’énorme demande en provenance de certains pays . Par ailleurs, ce classement n’entraîne pas de mesures concrètes de protection au niveau des différents états (qui ont sans doute d’autres priorités).

De son coté, CARE  classe unoiquement T duboisi Maswa en CCR :

Critically EndangeredSpecies facing an extremely high risk of extinction in the wild in the immediate future (same as ‘EE’ used by de Rham and Nourissat).

4e niveau sur 5 (le dernier niveau = éteint) c’est le seul Tropheus du genre avec Tropheus moorii ‘Tanzania murago’ (meme classement)

, janvier 2017, AK    https://caresforfish.org/?page_id=257

Depuis quelques années, et notamment l’arrêt des activités de FOB, les pêcheries du lac apparaissent déstabilisées sous la pression de pécheurs parfois non officiels et dont les actions de pèche ne respectent pas toujours les bonnes pratiques permettant un renouvellement normal des cheptels naturels.

Depuis…, aidé par le fonds de conservation…, une petite installation de reproduction a été installée à… et à l’initiative de ….Des progrès ont été enregistrés en 2020, mais il reste à faire (à revoir)

En Europe, des initiatives ont été prises pour combattre ces menaces en diminuant les prélèvements de sauvages par un développement organisés de F1. Au cours de nos voyages, nous avons eu l’occasion de visiter 2 de ces installations :

  • – chez Tropheus UKA, mais fermeture : voir…
  • – et chez Thomas W

Par ailleurs, dans le cadre de notre programme de  conservation, un projet de protection de T duboisi est en cours de devloppement avec l’AFC (voir…); il est prévu de s’appuyer sur le future centre aquario de Dieppe à qui nous allons fournir des Tropheus duboisi.

En conclusion, T duboisi est une sorte de “cas “d”école” pour illustrer la problématique de la  protection des espèces, surtout dans les grands lacs : devant une espèce naturellement en fin de vie, tout le monde a conscience qu’il n’est pas raisonnable de poursuivre des prélèvements largement excessifs. Le danger d’extinction de certaines variétés est connu mais rien ne semble pouvoir s’opposer à la puissance de la demande..y compris celle des amateurs européens ! 

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Notre avis

1 L’histoire de T duboisi a fait de ce poisson une référence, devenue une sorte de mythe par la magie de la robe des jeunes, sans oublier le bleu somptueux de la tête. Mais cet engouement s’est traduit par la mise en péril de certaines variétés, en particulier de celle de Maswa. Les amateurs maintenant ou souhaitant maintenir des T duboisi doivent donc etre particulièrement responsables : ne prélever que le minimum de sujets sauvages, veiller à gérer des reproductions de qualité, en respectant les lieux de pêche et en minimisant la consanguinité.

2 Au vu des risques pesant sur cette espece, et compte tenu de la faiblesse des dispositifs de protection, T duboisi est un candidat “naturel” pour les programmes de conservation et pour les actions visant à renforcer ou aider à la protection.

3  Parmi toutes les espèces du genre Tropheus, T duboisi est celle qui se prête le mieux à une maintenance en petit groupe (voir en couple ou en trio), dans des bacs plus petits que ceux utilisés normalement pour le genre. 

4 Le comportement assez particulier de T duboisi nous semble une bonne option pour commencer à maintenir des Tropheus.