Cet article est intégré dans un thème général appelé “protection, du rêve à la réalité”; pour consulter la présentation du thème et sa composition, clic sur bouton vert ci dessous. Les photos sont de H Salama sauf mention spéciale (clic pour agrandir). Merci de respecter les droits de diffusion et de copie textes, photos et vidéos (voir “A propos”, page d’accueil du site). African Diving nous a gracieusement autorisés à utiliser ses photos.
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Hafidhi Salamata (avec la complicité de Gérard Delfour)
Gérard : 01 Bonjour Salamata. Je suis très heureux qu’un jeune entrepreneur local ( pêche – export ) installé au bord du lac Tanganyika nous accorde un peu de son temps et accepte de nous donner son avis sur le sujet difficile de la protection des espèces. Comme nous ne nous connaissons pas, pouvez – vous nous parler un peu de vous?
Hafidhi : Je m’appelle HAFIDHI SALAMATA, propriétaire et fondateur de KIPILI CICHLIDS EXPORTER, je suis diplômé tanzanien, j’ai 40 ans, possède un passeport tanzanien et un numéro d’identification de citoyen ; la famille de ma mère vient des villages de Kipili et Manda le long de la rive de le lac Tanganyika et elle s’est répartie sur le lac jusqu’à Kigoma en travaillant principalement dans la pêche et les activités connexes. Mon père est originaire de la région côtière de Mikindani, le long de l’océan Indien, dans la région de Mtwara en Tanzanie.
Actuellement, la plupart des membres de la famille participent à l’agriculture de subsistance dans les cultures vivrières (maïs, riz, haricots et légumes) et effectuent des travaux locaux occasionnels autour du lodge du complexe hôtelier de l’hôtel situé à Kipili.
Kipili a également la chance d’avoir environ cinq entreprises de pêche qui ont besoin de main-d’œuvre quotidienne pour le déchargement, le nettoyage, le tri et l’emballage, ce qui fournit un emploi informel aux habitants.
De mon côté, j’agis parfois comme marchand de poisson vendant du poisson frais recueilli par des pêcheurs locaux (dont certains sont des membres de ma famille proche) à d’autres commerçants venant de régions lointaines.
FACEBOOK & MESSANGER: kipili cichlids
EMAIL: kipilicichlids@yahoo.com
Gérard : 02 Très tôt, vous apparteniez déjà à ce monde de la pêche. Comment avez – vous été attiré par les poissons d’ornement (cichlidés) ?
H : Comme je l’ai mentionné ci-dessus, j’ai connu cette entreprise depuis mon enfance, mais ce n’était que pour le poisson à des fins alimentaires. Dans cette période, j’ai vu beaucoup d’exportateurs de Cichlidés de Dar es Salaam venir à Kipili et avoir du mal à stocker le poisson qu’ils avaient collecté; Alors j’ai décidé de construire des bacs / réservoirs en béton et je leur ai offert le service de stocker leurs poissons collectés; c’était aussi intéressant pour d’autres pécheurs qui traversaient le lac en venant du Congo afin de profiter du bon emplacement de Kipili ( proche de la région de Moba), où ils pouvaient charger leur camion et se rendent à Dar es Salaam. Pendant ce temps, j’ai commencé à apprendre et à comprendre le commerce des Cichlidés. Ces pêcheurs m’ont également donné un petit travail en tant que collecteur dans les ’emplacements de Wampembe , Kipili, Mpimbwe , Namansi et Ikola.
J’ai donc commencé en tant que pisciculteur et collecteur pour les exportateurs de Cichlidés en Tanzanie
G : 03 Avant d’ouvrir notre sujet, je voudrais aborder avec vous deux questions d’actualité ; d’abord, le covid , qui touche le monde entier : vous et votre famille avez-vous eu des problèmes ? Quel impact sur la Tanzanie, sur son économie ?
H : Comme maintenant le monde est comme un “Global Village”, la Tanzanie n’a pas été épargnée par l’impact de Covid-19; nous sommes des importateurs nets et nous comptons beaucoup sur la logistique mondiale pour divers biens et services. L’industrie la plus touchée a été celle du tourisme car la Tanzanie est dotée d’une flore et faune particulièrement riches avec de nombreux grands parcs nationaux sauvages (Grand Ngorongoro, Seregengeti, Zanzibar et Grands lacs) Pour cette industrie, sans doute la plus touchée les conséquences ont été la perte d’emplois, la fermeture d’entreprises et le ralentissement de l’économie.
L’industrie des fleurs / horticulture a également été touchée pour ceux qui exportent vers l’UE et la Chine.
Le regretté président M. John Pombe Magufuli était réticent à se conformer et à coopérer avec d’autres nations du monde en termes de statistiques/rapports de covid, application de restrictions pour empecher la propagation de Covid-19 et même autoriser la vaccination lorsque les vaccins étaient prêts et approuvés. Le nouveau président honorable Samia Suluhu Hassan permet à la population tanzanienne de se faire vacciner et de se conformer aux autres rapports de covid-19; jusqu’à présent environ 1 500 000 doses disponibles et la vaccination se poursuit bien, avec certaine réticences en raison de croyances religieuses et autres tabous. Je suis content d’avoir été vacciné avec la dose de Johnson Johnson des le 18/8/2021 et j’encourage également ma famille et mes amis à le faire.
Dans l’ensemble, nous avons de la chance que la Tanzanie ne soit qu’à peine touchée par COVID-19 par rapport aux autres États régionaux d’Afrique de l’Est (Kenya, Ouganda, Rwanda, Burundi)
G : 04 L’actualité du lac, c’est aussi la montée des eaux qui a causé beaucoup de dégâts même si la saison des pluies n’avait pas encore commencé ; ce phénomène n’est pas nouveau, mais est source d’inquiétude : que pensez-vous de cette situation ?
H :Je n’ai jamais vécu cela de toute ma vie ; pour avoir plus de recul, nous avons demandé à plusieurs vieillards, au hasard et âgés de 70-90 ans environ, et ils n’ont jamais été témoins de cela auparavant.
La cause principale était la saison des pluies de 2019/2020 commencée en octobre 2019 et se terminant en mai 2020. Le Tanzania Metrological Office (TMO) nous dit que cela était dû aux impacts du réchauffement climatique qui augmentent les volumes d’écoulement d’eau de pluie vers la terre; dans l’été 2020 (novembre) le niveau d’eau n’a pas baissé comme avant et la pluie de 2020/2021 a entraîné une situation pire
L’inondation a affecté de nombreuses installations de pêche du gouvernement (chambre froide) installées par le gouvernement pour aider les pêcheurs locaux à KASANGA, KIRANDO, IKOLA; nous avons également été touchés car mon bureau éet également près du lac. Des plages de lodge, d’hôtel et de villégiature ont été innondées à mesure que l’eau se rapprochait beaucoup. Certains habitations dans la région d’Ikola et de Kirando ont été complètement immergés et de nombreux résidents ont dû abandonner leur maison et leur entreprise ou engager des frais pour déménager vers une zone plus élevée.
L’eau a commencé à inonder les fermes et les résidents situés au bas du lac, les plus touchés sont tout ce qui se trouvait à une pente inférieure et à moins de 50 mètres de la rive du lac.
L’industrie de la pêche, de l’agriculture et du tourisme a été touchée : toutes les plages traditionnelles et les terres fertiles pour l’agriculture sont maintenant endommagées et ont perdu leur bon sable d’origine, ce qui a entraîné un ralentissement économique et une perte d’emplois sur toute la rive du lac Tanganyika pour tous les pays limitrophes (Tanzanie, Congo, Zambie, Burundi); la perte de plage naturelle pour le plaisir de la population locale a également été observée et entraine donc une perte de revenus pour les propriétaires.
G : 05 Il y a quelques années, vous avez lancé une entreprise locale de pêche ; pouvez-vous me dire quelques mots sur l’histoire de cette création ?
H : L’idée est venue de mon enfance car j’avais l’habitude de voir cette entreprise dirigée par des anciens; à l’époque ils ne faisaient que des produits fumés et séchés car la technologie pour la chambre froide n’était pas disponible en raison de l’absence d’électricité / énergie. Le gouvernement tanzanien a lancé une agence d’électrification rurale (REA) et la plupart des villages, y compris Kipili, étant électrifiés / alimentés, j’ai donc pensé que c’était le bon moment pour démarrer une entreprise et mobiliser des capitaux pour le poisson frais surgelé
L’entreprise a officiellement démarré en 2015 avec pour objet la collecte, l’achat, la transformation de poisson frais pour l’alimentation principalement : Migebuka (Luciolates Stappersii) Sangala (perche du Nil) Sardine (Limnothrissa Miodon) Kuhe (Boulengerochromi Microlepis) et Tanganyika Cichlids sur la base de mes commandes clients. L’intention était de vendre ces produits de la pêche à la fois sur le marché intérieur et sur le marché d’exportation; la société a obtenu la licence d’exportation (exportation des Cichlidés du lac Tanganyika) et la licence de collecte délivrées par le ministère de la pêche et de l’élevage – TANZANIE
Pratiquement, j’ai connue cette entreprise depuis mon enfance et, en m”y impliquant, j’ai démarré une nouvelle orientation. Le chiffres d’affaires est actuellement d’environ 60 000 $ (soixante mille dollars).
Pour résumer, les principales idées qui ont présidées à la création de mon entreprise sont les suivantes :
L’entreprise est située le long du lac Tanganyika, village de Kipiri, district de Nkasi, région de Rukwa, Tanzanie; ses coordonnées sont les suivantes :
Facebook & Messager : Junior Salamata
Courriel : salamata32@yahoo.com
Contact mobile (WhatsApp): +255767288466
Crise du Covid : j’ai été affecté par les faibles revenus et la frustration des entreprises en raison de la fermeture de l’entreprise (côté Cichlidés), il n’y avait pas de nouvelle commande des clients car il n’y avait aucun moyen de faire l’expédition aux États-Unis et en Europe, le marché chinois était ouvert mais avec un fret peu fiable et de nombreuses annulations, de nombreux membres de la famille ont dû arrêter de faire des activités de pêche et se concentrer sur l’agriculture pour la sécurité alimentaire au moins.
G : 06 Votre entreprise a deux activités : la pêche -Export alimentaires (poisson de consommation) et la pêche – l’ exportation de poissons d’ ornement. Comment se répartissent ces deux activités ?
H : L’activité de mon entreprise se répartie à 50%-50% pour les poissons d’alimentation et pour les Cichlidés d’ornement. Comme mentionné précédemment, le poisson pour l’alimentation a été l’activité de la première entreprise telle que je la connaissais depuis mon enfance. Plus tard, est venue une opportunité de développement lorsque j’ai compris que ce que recherchais les exportateurs -avoir un point de sortie du poissons à Dar es Salam – impliquait que ce poisson devait etre gardé au soleil sur les bord du lac, pendant assez longtemps, ce qui provoquait maladie et parfois mort. Le commerce des Cichlidés était donc une solution pour s’assurer que les poissons sont conservés sur les bords du lac dans de bonnes conditions avant d’être transportés à Dar es Salaam.
Les deux (2) entreprises me procurent des revenus complementaires, car le poisson pour l’alimentation est saisonnier (octobre-avril) et le cycle commercial de la collecte des cichlidés/poissons ornementaux est très long (temps de collecte jusqu’à l’exportation) et le fait d’être payé me permet de rester indépendant, dêtre au travail pendant toute l’année .
Pour les poissons de consommation :
– Les poissons pour l’alimentation sont principalement pour la vente/le commerce pour la consommation locale en Tanzanie, fournissant une source de protéines/nutriments à la communauté tanzanienne. Les espèces concernées sont principalement Migebuka (Luciolates Stappersii) Sangala (perche du Nil) Sardine (Limnothrissa Miodon) Kuhe (Boulengerochromi Microlepis)
– Les zones de pêche sont : Wampembe, Lupata, Karungu, Mvuna, Kirando, Manda, Mtanga, Ninde, Namansi
– Les produits de la pêche sont collectés par contrat avec des pêcheurs en leur fournissant des facilités de fonds de roulement en termes de prêt à taux réduit comme de l’essence, de l’huile, de la nourriture et d’autres accessoires de pêche, des engins avec l’accord qu’ils doivent vendre le poisson à mon entreprise et à personne d’autre.
– il y a des exportations vers la ville de Mpulungu, Zambie
G : 06-A Puisque nous parlons de poissons de consommation, je vous propose de quitter un moment l’aquariophilie pour l’heure du repas…d’apres vous -et les locaux -quels sont les “meilleurs” Cichlides ? j’ai entendu dire que Boulengerochromi Microlepis et C frontosa etaient particulierement savoureux…
H : Oui, n peu d’humour dans cet article sérieux ! Il y a aussi aussi Oreochromis Tanganicae…
G : 08 Des études montrent que, pour les poissons de consommation , les tonnages pêchés sont en baisse constante depuis plusieurs années : Quelles en sont les causes selon vous ? Parmi les pécheurs, existe-t-il des accords pour modérer ces prélèvements et permettre le renouvellement des espèces capturées ?
H : Il y a une tendance à la baisse des tonnages pêchés en raison de la réglementation actuelle et de la façon dont l’application de la loi peut affecter les moyens de subsistance des pêcheurs locaux, des entreprises et de la communauté. L’espèce en déclin est MIGEBUKA ((Luciolates Stappersii) en tant que poisson migrateur, il n’y a pas de filet spécifique pour les attraper; jusqu’à présent le même filet utilisé pour attraper la SARDINE (Limnothrissa Miodon) a maintenant été utilisé pour attraper MIGEBUKA, donc beaucoup de poissons sous-dimensionnés ont été capturés illégalement.
Il n’y a pas d’accord car toutes les tailles sont vendues : en tant que communauté de business, nous ne devons strictement acheter que des poissons de taille importante, mais nous n’avons aucun contrôle pour contrôler cela car il y a d’autres acheteurs pour les poissons plus petits/sous-dimenssionnés.
G : 09 Je suppose que cette tendance négative provoque plus de compétition entre les pécheurs ?
H : Il y a une énorme demande de poisson pour la nourriture (toutes les espèces mentionnées ci-dessus), il n’y a donc pas de concurrence pour que les pêcheurs vendent
La capture n’est pas garantie car ils utilisent l’ancienne méthode de collecte, aucun engin pour détecter le mouvement du poisson comme le détecteur de poisson, (travail de Gues)
De plus, pendant la capture (lune noire), il peut y avoir des énormes vagues nocturnes , donc parfois ils ne vont pas attraper de poisson; les jours de pêche ne durent que 10 à 15 jours lorsque la lune est partie (heure sombre du mois).
G : 10 Votre entreprise a également développé une activité de pêche d’exportation de poissons d’ornement ; c’est celle qui nous intéresse pour cet article. Comment peut on la décrire ?
H :Dans mon entreprise KIPILI CICHLIDS EXPORTER nous collectons diverses espèces en fonction de la commande du client comme Tropheus ,Cyphotilapia , Petrochromis, Cyprichromis , Ophalmotilapia, Cyphopharynx , Xenotilapia ,Eretmodus ,Enantiopus ,Altolamprologus compressiceps ,Shell dwellers ,Neulomparagus ,Julidochromis ,Synodontis Granulosis
Depuis que j’ai mon équipe de plongeurs et mes équipements, je peux collecter dans de nombreux emplacements en fonction des commandes de mes clients . Kigoma, Kagunga, Bangwe etc.
Parmi ces Cichlidés, certains frequentent les eaux profondes, principalement : C frontosa, Benthrochromis et quelques Tropheus comme Tropheus frire Fiery (Tropheus brichardi Namensi), T duboisi De nombreux poissons vivants à plus de 8 mètres sont difficiles à collecter ( c’est le cas aussi de certains poissons surexploités), car les plongeurs doivent porter des équipements de plongée complets pour pouvoir travailler en profondeur.
Le matériel utilisés par les plongeurs comprend (bateau et moteur, réservoir de stockage de poissons/tottes, pompe à air, compresseur, réservoirs de plongée/cylindre, chaussures Flopper, billard, suite de plongée/suite humide, veste de plongée, régulateur, montre d’immersion, générateur, pompes à eau, Tentes de camping
Est-ce que vous péchez (ou avez-vous péché ) vous – même ? Employez vous des pécheurs permanents ou achetez-vous du poisson à d’autres plongeurs ? J’ai six (6) employés dont quatre (4) plongeurs, un chauffeur de bateau et un cuisinier avec un contrat à long terme; ils sont payés selon leur qualification et un accord de salaire. Certains poissons spécifiques sont achetés au Congo et en Zambie ( des permis de travail et autres frais sont nécessaires pour plonger dans des eaux étrangères). Un poisson recherché peut aussi être péché par un autre plongeur indépendant en Tanzanie. (tottes = cuve en plastique de 1000 l ).
G : 11 Vous exportez aussi des poissons d’ornement : comment présenter cette activité , ses caractéristiques, ses difficultés ?
H : Comme mentionné précédemment, j’ai commencé en tant que collecteur et offreur de service de stockage de poissons pour divers exportateurs de Tanzanie résidant à Dar es Salaam; à ce jour, j’offre toujours ce service uniquement pour l’emplacement de Kipili.
Pour l’acivité de collecte exportation, nous attrapons les poissons et terminons normalement la décompression; les poissons sont stockés à Kipili (quarantaine, mais avec l’eau du lac) et commençons à adapter leurs habitudes alimentaires (acclimatation); ils sont triés en fonction de l’espèce, du sexe et de la taille . Puis nous les transportons à la ferme aquacole de Dar es Salaam à environ 1300 km de Kipili par camion; nous les déchargeons ensuite dans une autre ferme à Dar es Salaam et demandons un permis d’exportation, une confirmation de réservation de compagnie aérienne et finalement les emballons et exportons.
La collecte est sélective; par exemple; nous demandons aux plongeurs qui dirigent la pêche de ne pas prendre les poissons de petite taille (les bébés) et de les laisser dans le lac. Nous tenons compte aussi de la commande de nos clients qui demandent une bonne taille pour les adultes spécialement pour des espèces comme Tropheus, Altolamprologus, Frontosa, Benthochromis .
y a t’il des pertes entre le moment de la pêche et le début de l’exportation ? Oui, il y a une perte due aux dommages corporels du poisson si un filet de capture de mauvaise qualité est utilisé, une mauvaise décompression pour les poissons des eaux profondes , une rupture de la cage, des blessures corporelles pour les poissons agressifs, une mise en cage excessive; le poisson peut mourir pendant le transport du lac à Dar es Salaam en raison de la longue distance et de la fluctuation des températures sur le chemin (certaines zones sont très froides).
Vers quels pays exportez-vous ? Jusqu’à présent, j’exporte vers l’Inde, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Belgique, le Vietnam, Taïwan
Avez-vous un ou plusieurs importateurs ? Qui en Europe ? Oui un importateur en Europe: AQUARISTICS (MARZENA SODIKOV ULICA)-POLAND, ; pas de client en France.
Envoyez-vous du poisson à des particuliers, si oui, dans quels pays ? Non, pas d’envoi à un particulier ; j’envoie à des importateurs en Inde, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Belgique, au Vietnam, à Taïwan
G : 12 Êtes – vous connus pour offrir certaines espèces d’ ornement poissons à la vente et, si oui, lesquels ?
H : Je suis connu pour offrir Cyphotilapia Frontosa- Zaïre Blue Varient (MOBA) d’endroits comme (Kiku, Mikula, Tembwe, Mtoto, Kitumba, Moba) Altolamprologus Compressicept Mandarin, Cyprichromis Microlepidotus-Kasaji, bemba, kiriza, mizimu. Et tous les autres poissons autour de la Tanzanie comme Tropheus ,Cyphotilapia ,Petrochromis ,Cyprichromis ,Ophalmotilapia,Cyphopharynx ,Xenotilapia ,Eretmodus ,Enantiopus ,Altolamprologus ,Compresceps ,Coquillages ,Neulomparagus ,Julidochromis , SynKipilisis
G : 13 Puisque vous êtes exportateur, la demande d’importation de vos clients a- t- elle évolué ces dernières années ? Si oui, comment ? Qu’en est- il de l’ émergence de certains marchés (Asie, etc. )
H : La demande de poissons sauvages du lac Tanganyika aux États-Unis et en Europe a considérablement diminué car beaucoup préfèrent les poissons spéciaux du Congo en raison de l’augmentation des coûts de fret et des éleveurs par rapport à avant COVID-19; le marché émergent des pays asiatiques comme l’Inde et Taïwan a augmenté, ainsi que le marché chinois qui progresse bien aussi.
Le poisson tanzanien est maintenant considéré comme un poisson commun pour le marché européen et américain
Il y a quelques différences dans laq demande des importateurs, selon les pays :
G :14 Les importateurs vous demandent-ils des informations sur les pratiques de pêche des pêcheurs ? (respect de la réglementation, etc. )
H : Oui, ils le font en particulier sur la quarantaine des poissons et ils fournissent de l’aide et des conseils en termes de médicaments, de nourriture et de tranquillisants pour l’expédition
G : 15 La pêche -exportation de poissons d’ornement présente probablement des difficultés et des spécificités : pouvez-vous en parler ?
H :La capture de cichlidés est un risque car elle implique l’utilisation d’équipements de plongée et d’activités en eau profonde; le travail peut aussi être dangereux si de grosses vagues naissent sur le lac. Les plongeurs, s’ils ne sont pas prudents et utilisent des équipements défectueux ou obsolètes, peuvent risquer leur vie; un remplissage excessif du cylindre de plongée peut provoquer une explosion et la mort, passer trop de temps à l’intérieur du lac à une zone profonde peut également causer la mort et la paralysie des parties du corps, une haute vague du lac peut faire couler le bateau…
Covid : en tant qu’exportateur de cichlidés, j’ai été affecté par l’arrêt de certaines compagnies aériennes internationales venant en Tanzanie comme KLM, Swiss, Emirates, etc. Nous avons donc dû arrêter l’exportation pendant un certain temps.
Compétition entre pêcheurs ?Les plongeurs de cichlidés au lac Tanganyika sont si peu nombreux actuellement que nous pouvons dire qu’il n’y a pas de concurrence entre eux; ils n’ont pas non plus de capital ou d’équipements pour travailler, donc tout dépend des exportateurs.
Poids des importateurs ? Jusqu’à présent, en Tanzanie, en raison de l’ augmentation par le gouvernement des frais de licence d’exportation de 100 $ à 1 200 $, il y a peu d’exportateurs et la concurrence n’est donc pas grande car chaque exportateur traite avec ses importateurs et la demande est élevée pour les cichlidés, en particulier pour les poissons du sud et du nord du Congo.
G : 16 L’objet de notre discussion est de parler de la protection des espèces vulnérables ou menacées (poissons d’ornement) du lac Tanganyika, ce qui implique que le danger peut provient de menaces pesant sur le lac ; peut-on rappeler les principaux types de menaces ?
H : Les deux (2) principaux types de menaces pour mon expérience sont :
G 17 Pensez-vous que le lac soit en danger ?
H : Oui, le lac est en danger en raison de l’augmentation de la population dans tous les pays bordant le lac (Tanzanie, Congo, Burundi, Zambie) et du réchauffement climatique
G : 18 En 1995, un travail remarquable a été réalisé sur « la lutte contre la pollution et les mesures de protection de la biodiversité du lac Tanganyika : analyse diagnostique transfrontalière ( https://iwlearn.net/resolveuid/9cac80c3b0fec145fa1f31284071d1ad ). Le lac a fait l’objet de nombreuses études, mais l’ADA est exceptionnelle dans sa démarche : elle associe étroitement les États riverains, elle s’occupe non seulement de la faune alimentaire mais aussi des poissons d’ornement et, enfin, elle a proposé un plan d’ action concret , pays par pays. . . 20 ans plus tard, vous qui travaillez sur le lac, comment voyez-vous la mise en œuvre de ces recommandations ( pour les poissons d’ornement ). Quelles sont les principales avancées ? Y a-t-il eu des freins ?
H : Il y a une initiative du gouvernement de Tanzanie interdisant à toute entreprise étrangère ciblant spécifiquement les Chinois et tout autre de s’impliquer dans le commerce des poissons tropicaux vivants (collecte et exportation de cichlidés).
Autres initiatives, notamment l’approbation de la loi sur l’aquaculture de 2020 pour permettre la pisciculture (pêche en cage) à l’intérieur du lac comme alternative au poisson pour l’alimentation (élevage de tilapia et de poisson-chat)
G : 19 Vous êtes en contact avec des pécheurs et des plongeurs ; pour les cichlidés, avez-vous l’impression que la densité de poissons diminue ? Que certaines espèces ont changé leur mode de vie ?
H : Oui, bien sûr, il y a un déclin pour pour les espèces alimentaires connues localement MIGEBUKA ((Luciolates Stappersii); pour les cichlidés, en dehors de certaines espèces reconnues en danger , il y a un déclin de Synodontis Granulosis (Kipili) frontosa (Kipili), Benthochromis Horrii (Kipili) Altolamprologus Compressicept Gold Head (Kasanga) Gnothochromis Permaxiallis(Kasanga) , Tropheus Fiery Fry (Namansi) et Tropheus Red arc-en-ciel
G : 20 Les poissons d’ornement sont en grand nombre dans le lac, et certains amateurs se demandent si le danger de disparition est réel, une colonie affaiblie se rétablissant finalement assez rapidement dans un véritable lac de « mer intérieure » … Comment montrer que la situation est grave ?
H : La situation est grave et peut être observée et prouvée avec nous, entrepreneur local/résident du lac : notre vie quotidienne dépend du lac lui-même et nous sommes d’ores et déja durement touchés.
G : 21 Pour les espèces menacées, des listes rouges ont été établies : travaillez-vous avec ce genre de recommandation pour la collecte de poissons ? Pensez-vous que cet instrument soitt efficace ?
H : L’instrument n’est pas efficace car il y a des problèmes d’application par le personnel des pêches du gouvernement .Aucun responsable du gouvernement tanzanien ne s’est spécialisé dans les études sur les cichlidés, ils ne connaissent que les poissons des espèces alimentaire;, à l’aéroport de Dar es Salaam ou à tout autre point de sortie, toutes les espèces de cichlidés peuvent être expédiées (autorisées).
Selon nos connaissances, nous ne nous impliquons pas dans la collecte ou même l’exportation d’espèces reconnues (répertoriées) menacées.
G : 22 Après ce tour d’horizon très général, et comme vous avez une connaissance concrète du lac , je voudrais faire avec vous un point sur l’état réel des colonies pour les espèces de poissons d’ornement particulièrement menacées ou en voie de disparition ; commençons par les cichlidés et Tropheus Duboisi Maswa… en danger critique d’extinction ?
H : Oui Tropheus duboisi Maswa est devenu rare malgré le fait que la collecte ait été arrêtée pour certains; quelques exportateurs de cichlidés s’inquiètent de leur existence.
Tropheus moorii Murago de Tanzanie : En danger critique d’extinction. Où en sommes-nous ? Rien n’a été fait jusqu’à présent dans l’élevage pour la repeuplement de cette espèce et la pèche est toujours en cours pour les collecteurs / exportateurs contrairement à l’éthique. Il s’agit d’un cas semblable à celui de T duboisi Maswa. Je suis très proche de l’emplacement, je peux facilement aider à les sauver, mes plongeurs peuvent les récupérer…
Ophthalmotilapia boops « néon bande » et Ophthalmotilapia VENTRALIS boops , tous les deux en danger en danger critique ? Rien n’a été fait à ma connaissance; meme remarque que pour T murago de Tanzanie
Enantiopus Kileza ( et Xenotilapia ) !!) en danger critique ? Oui et leur collecte des deux dernières années a été considérablement augmentée en raison de la demande chinoise en particulier pour les mâles Enantiopus Kilesa
Pétrochrome sp. red en danger ? Oui, mais leur collecte a été réduite en raison de leur existence à l’intérieur du parc national de Mahale (rives bordant le lac). Certains collecteurs/exportateurs sont entrés illégalement dans le parc et se sont fait prendre, des équipements et matériels de plongée ont été saisis.
Pour cette espèce, nous pouvons dire que le gouvernement de Tanzanie a au moins fait quelque chose pour la protéger, grâce à l’emplacement des poissons à l’intérieur du parc.
Altolamprologus calvus jaune en danger ? Cette espèce est localisée en Zambie (l’un des pays riverains du lac), je ne peux pas commenter.
Neolamprologus lelupi longior et Karilani en danger ? Oui, en danger. très peu de disponible; jusqu’à présent rien n’a été fait pour les sauver.
Tropheus Ilangi ? Cette espèce est localisée en Zambie , je ne peux pas commenter
G : 23 Parmi les autres cichlidés, il y a des espèces qui, sans être en danger, son votre opinion, sont affaiblies, vulnérables ?
H :
Cyphotilapia
Tropheus Bulu point (” double point “)
Synodontis Granulosis (Kipili), Chalinochromis Cyanophelps (Kipili), Tropheus Red Rainbow (Kasanga), Petrochromis Texas Blue, Tropheus Fiery Fry (Namansi), Altolamprologus Compressicept Gold Head (Kasanga), Bentochromis Tricoty (Kipili)
G : 24 En Europe (et sans doute dans d’autres régions), on peut voir des grossistes et des importateurs proposer des cichlidés classés « en danger ou vulnérables », certaines de ces espèces évoluant dans les eaux tanzaniennes : comment expliquer cela ?
H : Cela s’explique par le manque de connaissances des agents des pêches sur les cichlidés; les poissons collectés peuvent être exportés sans aucune restriction, aucune vérification des espèces lors de la demande de permis d’exportation.
G : 25 Comme en témoigne la situation de Tropheus duboisi Maswa, par exemple, on constate que, depuis assez longtemps, la protection des espèces est un sujet difficile alors même qu’il s’agit d’un patrimoine de grande valeur et dont l’intérêt est à l’échelle mondiale. Le progrès implique l’implication de tous les acteurs de la filière. Avec vous, nous allons essayer de comprendre comment se pose cette question pour chaque acteur, la problématique de la protection, quelles sont les pistes d’amélioration possibles, quels sont les freins . Commençons par les « gens du lac » , les autorités, les pêcheurs et les exportateurs et puis nous continuerons. Pensez-vous que ces « gens du lac » sont les premiers concernés par les dangers pesant sur les poissons d’ornement ?
H : Comme je l’ai mentionné plus tôt, il existe un énorme manque de connaissances pour les responsables de l’application de la loi sur la pêche, ce qui permet aux exportateurs/collecteurs contraires à l’éthique de profiter des ressources du lac, car les espèces rares/en danger génèrent de bons bénéfices, en général, les gens du lac sont pleinement responsables des dommages.
G : 26 Les autorités de ces pays sont conscientes de la valeur de leur patrimoine naturel, de leur faune et de leur flore, comme en témoigne l’organisation et la protection des parcs nationaux (Parc de Mahale ) qui, par ailleurs, peuvent être un levier de développement économique. La préservation des poissons d’ornement pourrait-elle entrer dans ce cadre de protection légale, comme cela a été fait par exemple en Zambie (baie de N’Kamba, Tropheus Ilangi) ?
H : Pour la Tanzanie, seule une partie du lac s’est trouvée protégée quand elle a été incluse dans le parc national de Mahale. Une vaste zone du lac n’est donc pas protégée et est vulnérable aux collecteurs/exportateurs qui agissent parfois illégalement et sont des irresponsables .
G : 27 Aux côtés des autorités ,j’imagine que les pêcheurs- exportateurs sont particulièrement soucieux de la protection des espèces (poissons d’ornement) mais les priorités de la vie et les besoins à satisfaire sont importants. Pensez-vous que, face à une demande parfois forte, ces pécheurs puissent intégrer concrètement le nécessaire besoin de protection ?
H : Non, le gouvernement peut proposer une sorte de programme et de subvention pour qu’ils se lancent dans d’autres activités de la pêche comme la pisciculture pour le tilapia et le poisson-chat afin d’avoir une autre source de revenus; sinon les pécheurs sont trop dépendant des ressources du lac et ils ne pourront pas arrêter leur activé , faute de moyens pour vivre.
G : 28 En 2015, vous avez participé à une discussion en ligne avec les grands acteurs locaux (pêcheurs, exportateurs) ; c’était un moment assez exceptionnel ; Je me souviens que tous les participants ont déploré la grande désorganisation des activités de pêche provoquée par de nombreux pêcheurs isolés, « non officiels » c’est-à-dire souvent sans autorisation, et ne respectant pas les pratiques habituelles des pêcheries traditionnelles : cette situation a-t-elle évolué ? Les autorités ont-elles réussi à rétablir l’ordre ?
H : De nos jours, plusieurs réunions de sensibilisation et séminaires ont été organisés par l’autorité des pêches pour lutter contre la pêche illégale des cichlidés et du poisson pour le commerce alimentaire; les principaux défis sont les ressources pour mettre en œuvre la loi car la taille du lac est très importante (Kasanga à Kagunga)
G : 29 Au cours de cette réunion, il est apparu que la perturbation des pratiques de pêche était si importante que les pêcheurs ont accueilli favorablement une proposition de mise en place d’une réunion plénière ; cela a eu lieu (je pense à Dar el Salam), qu’en est-il sorti ? Y a- t- il eu une e plus grande concertation entre pécheurs exportateurs ?
H : Chaque entreprise d’exportation emploie aujourd’hui sa main-d’œuvre en tant que journaliers et le poisson est collecté en fonction de la commande du client / importateur
Un accord entre les pêcheurs locaux ?
G : 30 En 15 ans, le nombre d’entreprises de pêche – export a considérablement augmenté , probablement multiplié par 3 ou 4 ; cette croissance énorme des structures a été accompagnée de plusieurs bouleversements profonds : certaines vieilles pêcheries ont été arrêtées et de grandes entreprises étrangères se sont installées avec des moyens puissants. Il en résulte une pression énorme sur la récolte de poissons sauvages d’ ornement , avec des pratiques difficiles à contrôler. Que pensez-vous de cette situation ?
H : Le gouvernement est intervenu pour contrôler cette situation en interdisant aux entreprises étrangères de s’impliquer dans la collecte et l’exportation directes de cichlidés (poissons tropicaux vivants).
Aujourd’hui, il y a environ 6 – 7 exportateurs/collecteurs actifs, mais certains Chinois et Turcs ont soutenu des Tanzaniens locaux, ils fournissent des fonds “derrière la porte”, mais la loi est très stricte et les sanctions / amendes sont énormes si quelqu’un est reconnu coupable.
G : 32 Ce monde de pêcheurs semble, depuis quelques années, relativement perturbé, avec une certaine incapacité à freiner la pêche illégale et le braconnage afin de répondre à la forte demande de certains pays. Vos contacts avec d’ autres exportateurs reflètent-ils cette situation ?
H : En raison de la situation de la pauvreté et de l’arrivée des Chinois et des Turcs en Tanzanie et de la création d’une forte demande de cichlidés , nous ne pouvons en aucun cas arrêter cela.
En 2019, trois (3) ressortissants turcs ont été arrêtés et subissent de lourdes amendes et ont été contraints de sortir du pays.
G : 33 Quelle est votre position si un importateur vous demande des cichlidés figurant sur les listes rouges ?
H : Mes principaux importateurs viennent des États-Unis et d’Europe, ils sont tous conscients des espèces en voie de disparition et n’insistent jamais pour les avoir. Actuellement, je suis entré sur le marché chinois.
G : 34 La première idée pour protéger les espèces en péril est la réglementation nationale , c’est – à – dire l’interdiction de la pêche pour les espèces en voie de disparition et un règlement pour les autres ; cette option a été choisie dans le sud du lac, par exemple pour Tropheus Moorii Ilangi et Altolamprologus calvus jaune qui ont été indirectement protégés par les règlements adoptés par les autorités du pac de Sumbu qui intègre la baie de Nkamba . Avant de protéger les poissons, l’idée était de considerer les parcs nationaux comme un support économique au développement par le tourisme. Cela peut sembler être un point commun avec la Tanzanie qui interdit la pêche dans le lac bordant le parc Mahale : que pensez-vous de cette voie ?
H : C’est une bonne idée, surtout si les gouvernements riverains du lac acceptaient d’établir des parcs marins à travers le lac, et pas seulement dans les lieux présentant un intérêt touristique; en effet, le lac lui-même est très long et l’approche ci-dessus ne peut être efficace pour la sauvegarde des espèces que si elle ne se contente pas de réglementer uniquement certains emplacements.
G : 36 Il est bien entendu que les autorités de chaque pays ont de multiples arbitrages à faire et que l’allocation des ressources financières correspond aux grandes priorités ; Les états riverains du lac ont déjà mis en place des structures (exemple : Lake Tanganyika Authority, LTA) dont l’objectif est d’obtenir une gestion durable des ressources du lac Tanganyika, notamment la pêche de subsistance. P ensez-vous qu’à l’avenir une réglementation plus globale et généralisée de la pêche aux poissons d’ornement puisse être considérée comme une priorité ?
H : Oui, par exemple, en définissant d’autres aires protégées comme les parcs nationaux; de nombreuses organisations internationales (PAM, UNESCO, etc.) s’impliquent pour aider les gouvernements africains à protéger la flore et la faune pour le cas des parcs nationaux du Ngorongoro et du Serengeti, Je pense que la communauté mondiale doit également intensifier ses efforts également pour sauver le lac Tanganyika et d’autres grands plans d’eau riches en espèces (lac Victoria, lac Malawi) car ces pays manquent de ressources en raison d’autres priorités Santé, éducation et développement des infrastructures.
G : 36 A Une réglementation nationale pourrait passer par une interdiction temporaire de pêche pour les espèces les plus menacées; cela permettrait de permettre la régénération des cheptels en danger d’extinction tout en identifiant et développant des solutions pour trouver des revenus de remplacement aux pécheurs… ils pourraient ainsi et progressivement se tourner vers d’autres activités. Cela est il réaliste ?
H : cela n’est pas réaliste car les pécheurs ne bénéficient pas de la collecte des cichlidés. Les exportateurs sont le bon groupe pour comprendre ce sujet : les pêcheurs reçoivent des commandes d’exportateurs qui les ont eux-mêmes obtenues des importateurs; c’est une chaîne, le point de déclenchement étant les importateurs d’EUROPE, USA, CHINE, TURQUIE.
G : 37 Compte tenu des difficultés d’ établir une réglementation -et d’en contrôler la mise en place- concrètement-, une autre idée serait d’envisager une sorte de réglementation interne aux pécheurs , des conventions de bonnes pratiques prônant , par exemple, la non-exploitation des espèces en danger et un prélèvement raisonné pour les autres. Cette voie ferait des pécheurs les principaux acteurs de la préservation puisqu’ils se sentiraient responsables des retraits et il serait possible de s’organiser en commun , par exemple pour résister à une trop forte demande de certains pays ; C’est peut- être ce que vous avez organisé après la réunion de 2015 ? cette idée est elle réaliste ?
H : Aucune recherche n’a été effectuée jusqu’à présent pour examiner l’étendue des dommages; le gouvernement a conseillé de ne pas imposer de restriction en dehors de l’interdiction des étrangers dans le commerce des cichlidés.
G : 38 La pêche aux poissons d ornement est une source de résultats économiques pour les entreprises ; elle constitue aussi un revenu pour les pêcheurs : on comprend que toute mesure de régulation de la pêche puisse constituer un frein en partie lié à la perte de revenus … Comment aider à aller vers cette orientation ?
H : Comme mentionné précédemment, l’aquaculture (tilapia, poisson-chat) pour l’alimentation est l’avenir de la société locale le long de l’ensemble du lac Tanganyika si le gouvernement fournit les connaissances, les ressources et les conseils d’experts appropriés.
G : 39 Pour les pêcheurs , les activités de pêche représentent un risque important et les accidents ne sont pas rares, malgré les grandes qualités des plongeurs . Comment pouvons – nous réduire ces risques ?
H : Formation supplémentaire , Maintenance du matériel, surmenage par les commandes chinoises/turques , Équipements de plongée d’excellence
G : 40 Afin de réduire le prélèvement d’animaux sauvages, il existe une autre solution qui consiste à construire des stations d’élevage sur les bords du lac, un élevage en bassin, à partir d’ animaux sauvages , et si possible avec l’eau du lac. Cette solution a été utilisée depuis longtemps par FOB ( fish Of Burundi) et par Toby Veal ; ces deux opérations ont permis de réduire les prelevements de sauvages mais elles ont dû être arrêtées pour des raisons personnelles ; A ma connaissance, il n’y en a actuellement pas d’autres sur le lac, hormis le projet experimental des Horsfall (voir article sur notre site internet) et, peut être, une autre exploitation . Que pensez-vous de cette démarche ?
H : Excellente approche pour augmenter la reproduction des poissons et repeupler le lac pour augmenter sa population.
G : 41 Ce type d’installation peut avoir deux objectifs différents : 1 réaliser une reproduction en masse pour une réintroduction dans le lac (comme cela a été fait dans le lac Malawi pour C saulosi ) ; 2 produire des F1 pour d’exportation, mais élevé sur les rives des lacs, c ‘ est – à – dire dans un contexte partiellement naturel proche de celui du lac. Est ce que ces deux objectifs sont pertinents pour vous ? (nous aurons l’occasion d’en parler plus precisement dans un autre article puisque vous avez un projet à ce sujet)
H :Oui, l’élevage pour l’exportation est une solution pour les espèces menacées et celles dont le taux de déclin est élevé, cela doit aller de pair avec la réintroduction dans le lac .
G : 42 L’élevage en étangs de poissons destinés à l’ exportation implique des pratiques d’ une grande qualité, ce qui nécessite, par exemple, un renouvellement périodique des souches afin d’ éviter la consanguinité et de maintenir une certaine diversité génétique : c’est un sujet difficile … Des accords de partenariat entre les pêcheurs et les entreprises de reproduction sont ils possibles ? (les pêcheurs étant chargés de la pêche périodique des sauvages ).
H : Bonne approche, je suis tout à fait d’accord à 100%. Les plongeurs/pêcheurs continuent a leur travail de collecteur et les éleveurs professionnels doivent gérer l’élevage et l’exportation de la F1 et la réintroduction dans le lac.
G : 43 En cherchant toujours à freiner les prelevements excessifs, une idée serait d’ augmenter le prix de cession des sauvages aux importateurs de telle nsorte que, en bout de chaîne, des prix élevés freinent la demande des amateurs. Cela vous semble-t-il réaliste ?
H :Ce n’est pas réaliste : de nombreux exportateurs en Tanzanie sont indépendants et se disputent la même clientèle/marché. Fixer des prix plus élevés que les autres signifie tuer votre entreprise.
G : 44 Les cichlidés sont une grande richesse du lac : voyez-vous d’ autres solutions pour réguler les prélèvements, notamment pour protéger les petites colonies de poissons ?
H : Lors de nos réunions, nous avons proposé au gouvernement une solution selon laquelle chaque commande de poisson d’un exportateur doit être présentée à l’autorité des pêches et contrôlée en termes de quantité à collecter, ce qui s’oppose à la tendance actuelle qui est de collecter autant de quantités que vous souhaitez.
G : 45 Protéger est l’affaire de tous, sauf que pour avancer sur ce sujet difficile, chacun doit faire un pas… On peut dire qu’un importateur « fabrique » l’offre proposée aux amateurs, c’est une sorte « d’ influenceur ». » , À votre avis, les importateurs arrivent ils à intégrer dans leurs objectifs commerciaux (rentabilité) le souci de protection du poisson ?
H : Ils le font, mais d’autres défis provoquent la surpêche : les exportateurs sont conduits à prendre de nombreuses commandes afin de réaliser des bénéfices pour couvrir des coûts de collecte et de transport du lac à Dar es Salaam en tant que point de SORTIE.
Le business des cichlidés est maintenant orienté vers la satisfaction des amateurs aquariophiles et les entreprises sont “commerciales”, ce qui constitue une menace pour le lac; une commande d’un importateur ne peut pas vous permettre de faire des affaires de manière rentable en raison du coût.
G : 46 Lorsqu’un importateur achète du poisson sauvage, pensez-vous qu’il s’intéresse aux pratiques des pêcheurs, qu’il a des exigences particulières ?
H : Ils n’ont pas beaucoup de soucis, ce dont l’importateur a besoin est d’obtenir ce qu’il a commandé et le poisson arrive avec une qualité/santé et un DOA minimal (mort à l’arrivée) possible.
Certains importateurs européens et américains sont passionnés par le lac et posent parfois des questions pour obtenir des informations sur certaines espèces
G : 47 Les listes rouges doivent -elles être contraignantes pour un importateur ? Pour un poisson mentionné sur liste rouge (ou pêche interdite), quelle position prendre face à une forte demande d’un importateur qui est votre client ?
H : Je leur ai conseillé de trouver des fournisseurs F1 en Allemagne ou d’autres éleveurs aux USA ou autres pays.
G : 48 Un importateur doit-il accepter d’importer des poissons d’étang élevés au bord du lac
H : Cette bonne idée, si elle peut être bien promue et soutenue par les importateurs / amateurs de cichlidés dans le monde entier, peut être une bonne source de revenus et de connaissances sur la conservation des lacs pour les exportateurs et les plongeurs.
G : 49 Dans certains pays, la législation permet à un importateur qui vend du poisson sauvage de reprendre ensuite l’élevage auprès d’amateurs sérieux ; cette organisation permet de limiter les prélèvements d’animaux sauvages et contribue à promouvoir un poisson d’élevage de qualité . Que pensez-vous de cette organisation ?
H : Je le soutiens car il tient les importateurs responsables de la conservation de la nature en n’imposant pas trop d’espèces sauvages
G : 50 L entreprises d’importation sont dans des pays nombreux et divers qui ont une attitude variable vis-à- vis de la protection de la biodiversité et des animaux ; ils ne répercutent pas toujours les restrictions dans leur législation, mais l’importance de préserver la biodiversité gagne du terrain ; un message pour eux ?
H : Ils devraient intensifier leur action et s’alarmer de la situation et de la tendance actuelle au bord du lac.
G : 51 On se tourne maintenant du côté des amateurs (en Europe ou ailleurs) … Comment comprenez-vous qu’un amateur dépense de l’ argent pour acheter des poissons d’ornement sauvages ?
H Je crois comprendre que l’achat de poissons d’ornement / cichlidés est comme tout produit de luxe; c’est le fait d’une intéressée et qui a beaucoup d’argent pour l’acheter en Europe, aux États-Unis et dans le monde entier.
G : 52 Pour de nombreux passionnés, garder les poissons sauvages reste « un must » : pensez-vous que c’est essentiel pour le plaisir d’un aquariophile ? Un amateur peut – il avoir autant de plaisir avec de beaux poissons d’élevage ?
H : Oui, le gout des clients / amateurs de poisson sauvage peut changer pour apprécier un poisson d’élevage qui est tout aussi beau; c’est nécessaire pour soutenir les efforts de conservation du grand lac, pour maintenir l’existence du stock de géniteurs pour les nombreuses années à venir.
G : 53 Malgré les progrès évidents liés aux voyages et à internet, on peut penser que beaucoup d’amateurs sont encore assez loin de la vraie vie sur les rives du lac, de cette Afrique qui leur donne tant. Il ne fait aucun doute que l’urgence de protéger les espèces gagne du terrain, mais l’idée d’ une participation concrète n’a pas encore été largement ressentie. Pour renforcer le lien, une idée serait d’établir une relation financière, même symbolique, entre l’amateur et le lac, par exemple en participant au financement ou à l’entretien d’un dispositif de sécurité pour protéger certaines espèces. Qu’en pensez-vous ?
H : Ceci est très important pour les amateurs / acheteurs de cichlidés à travers le monde et les habitants du lac doivent avoir une sorte d’instrument de communication unique afin d’obtenir des informations actualisées sur les défis du lac pour protéger certaines espèces qui sont en danger ou en grave déclin. Des mesures doivent être prises pour fournir des conseils financiers/d’expertise ou des équipements (équipements de plongée et autres mentionnés précédemment) pour que les habitants du lac prennent des mesures et donnent au monde intéressé par les poissons un retour périodique d’information sur les progrès réalisés au lac .
C’est très critique car rien n’a été fait.
G : 54 Les organisations d’amateurs, parfois des associations nationales, ont joué un rôle important dans la promotion et la connaissance des cichlidés et autres poissons d’ornement ( forme naturelle). Cependant, les années passionnantes de la découverte sont passées et, sous l’influence d’Internet notamment, ces structures éprouvent aujourd’hui quelques difficultés à motiver leurs membres ; Un message pour eux ? Quelles seraient les pistes intéressantes ?
H : Ils doivent revenir et écouter ce que les parties prenantes du lac disent et la solution proposée; bien sûr, la contribution de leurs idées est nécessaire pour avoir une situation gagnant-gagnant, puis des mesures doivent être prises immédiatement. En tant que “gens du lac”, nous pouvons leur assurer que nous sommes prêts à tout moment à montrer notre coopération, une ou deux associations principales peuvent être formées comme canal de communication pour éviter une rupture de communication inutile avec les autres membres.
G : 55 Pour les aquariophiles passionnés du monde entier, « posséder » fait partie intégrante de la passion, de l’amour du poisson. Plusieurs de mes interlocuteurs du lac pensent qu’il vaudrait mieux « venir voir les poissons » plutôt que de les posséder ; cette idée me semble irréaliste, car tout le monde n’a pas les moyens de voyager. Une plus grande diffusion des vidéos est-elle une idée intéressante ?
H :Si le lac est correctement géré et conservé, avec une bonne coopération entre les habitants du lac et les amateurs/acheteurs, je ne vois aucun problème à ce que quelqu’un possède des poissons d’ornement chez lui au lieu de voyager ou de regarder des vidéos, nous devons tous être responsables de prendre soin du lac et en tirer profit/récompense en possédant un poisson.
G : 56 Les zoos et grands aquariums ont bien compris cette double problématique : répondre au besoin de voir « en vrai », mais aussi de réduire les prélèvements d’animaux sauvages, et donc d’exposer et de se reproduire ; qu’en pensez-vous ? En France, en Normandie, un nouveau centre océanographique ouvrira en 2023 et nous fournirons une population de Tropheus pour remplir un grand bassin du Tanganyika (dans le cadre du projet de conservation en collaboration avec l’AFC) : cela vous tenterait il de nous accompagner ?
H : Dans une certaine mesure Oui; cela aidera bien sûr à réduire la pression exercée sur des poissons sauvages du lac en incitant tout le monde à se sentir plus responsable de la conservation des espèces du lac. Mais les efforts ne doivent pas s’arrêter là : en Europe, on doit également “regarder” le lac. voir s’il est possible de financer/parrainer des projets de conservation/d’élevage en tant que responsable d’entreprise; c’est ainsi qu’ils seront pleinement respectés (compris) par le lac chaque fois qu’ils exploiteront leur entreprise.
G : 57 Certains amateurs, généralement pro ou semi pro et très spécialisés, maintiennent et renouvellent des groupes de poissons sauvage afin d’organiser une reproduction de qualité : Cette solution réduit les prélèvements des sauvages du lac tout en répondant à la demande des amateurs. Cette solution est elle bonne pour vous ?
H : Oui, c’est très bien et je recommande de continuer; le processus d’exportation de poissons sauvages du lac implique dans la plupart des cas des pertes parfois lourdes dans l’ensemble du processus; comme je l’ai dit plus tôt, si un groupe peut élever un stock de qualité et partager/vendre entre eux que ce soit en Europe ou en Amérique c’est une excellente idée
G : 58 De manière générale, le commerce aquariophile s’est développé autour d’une passion forte, d’un réel plaisir, d’un accroissement des connaissances, dont la source se trouve, en partie, en Afrique : nous avons donc pris une part des ressources naturelles de ces pays et la question ne peut manquer de se demander : y a-t-il eu un « retour » suffisant ? Pour la décennie à venir, les acteurs de la filière aquariophile peuvent-ils se dispenser d’introduire, lors de certaines actions (par exemple l’importation de poissons sauvages) des aides financières aux pêcheurs, aux organisations qui participent à la protection des poissons et aux pays d’origine ? Un retour dans cette Afrique qui nous donne tant ?
H : Jusqu’à présent, rien n’a été fait pour les poissons d’ornement pour tous les Grands Lacs en Tanzanie (Tanganyika, Victoria, Malawi); il y a peu de financement pour le développement de l’aquaculture (pisciculture) au lac Victoria. C’est un signal d’alarme pour tous les acteurs de l’ornement et du lac de regarder et de voir comment vous pouvez nous aider pour le lac en termes d’expertise, de la qualité des techniques de reproduction, de financement, d’ équipement de qualité , etc., vous êtes tous WELCOME, « KARIBUNI SANA » ENSEMBLE NOUS POUVONS Y ARRIVER.
G : 58-A A Enfin, une actualité récente : ces derniers jours, deux propositions importantes sont en discussion pour apporter des changements majeurs à la législation : une délibération d’un Conseil fédéral allemand (https://www.facebook.com/groups/171301680563484) propose d ‘ interdire totalement toutes les importations d’animaux sauvages, y compris les poissons ; en même temps, le projet de loi actuellement au Sénat (en France) sur la maltraitance des animaux (projet de loi du Sénat n°87) va dans le même sens… Il est peu probable qu’un changement aussi profond intervienne rapidement, mais ce n’est pas l le premier changement réglementaire ; on ne peut contester que le mouvement soit lancé, avec, un jour, de lourdes répercussions possibles en Europe. Que pensez-vous de cette évolution ?
H : c’est une bonne idée car cela permettra au business de la collecte de cichlides sauvages d’évoluer vers des poissons d’élevage; donc préservera / conservera notre belle colonie de cichlidés à l’état sauvage pour de nombreuses générations à venir.
Parmi les grands pays européens, l’Allemagne donnera l’exemple à suivre par les autres.
G : Notre échange se termine ; sur ce sujet qui est à la fois compliqué et parfois délicat, il était important d’avoir votre avis en raison de votre large expérience et je ne doute pas que nos lecteurs seront très intéressés. Je me joins à eux pour vous remercier de votre participation et du temps que vous nous avez consacré . Dans un autre article, nous aurons l’occasion d’échanger sur l’un de vos projets tout à fait novateur.
H :
Comme pour les autres articles, vous pouvez, si vous etes inscrit sur le site (à demander) intervenir sur le forum, poser des questions aux auteurs à la suite du poste de présentation (voir case verte ci-dessous).